Posté par Yann Essabe, le 15 janvier 2025
Les pharmaciens membres du Syndicat des pharmaciens du Gabon (Sypharga) ont repris la délivrance des médicaments aux assurés de la CNAMGS, lundi 6 janvier 2025 après leur rencontre avec le Chef de l’État, la veille.
Par Yann Essabe
Le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) et son gouvernement, ont failli débuter l'année avec une sérieuse crise sociale. Et pour cause, le refus des pharmaciens de délivrer les médicaments aux assurés de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS) qui représentent plus de 70% de la population gabonaise.
Ce fait inédit aurait pu devenir une poudrière sociale, n’eût été l’intervention du Général-Président Brice Clotaire Oligui Nguema qui a réuni au Palais Rénovation, tous les protagonistes de la crise. En cause, le management approximatif des dirigeants successifs qui ont plongé ce fleuron de la prévoyance sociale dans l’abîme. Mais pas que.
En effet, outre la dette abyssale de l’État vis-à-vis de la CNAMGS qui s’élèverait à plus de 200 milliards de francs CFA, il existe un noyau dur constitué de la commission des évacuations sanitaires qui absorbent plus de 40% des dépenses, et les trois sociétés en charge de l’approvisionnement et la distribution de produits pharmaceutiques et d’équipements médicaux.
Il s'agit notamment de l’Office pharmaceutique national (OPN), une agence de l’État qui distribue les médicaments exclusivement dans les pharmacies des hôpitaux publics, Pharma Gabon et Ubipharm, deux firmes pharmaceutiques internationales installées dans notre pays en charge des pharmacies privées.
Ayant pignon sur rue dans plusieurs pays d’Afrique et également en Occident, il se susurre que ces deux multinationales seraient aussi dans l’intermédiation des évacuations sanitaires avec des pourcentages astronomiques glanés au passage. Lorsque l’ancienne directrice générale de la CNAMGS, Christiane Audrey Chambrier Voua, a initié des réformes courageuses, elle se serait retrouvée face à un mur d’intérêts mafieux
Parmi les réformes, celles, entre autres, d’améliorer les plateaux techniques des hôpitaux publics pourtant de dernière génération. Objectif : inverser la courbe des évacuations sanitaires en faisant venir des spécialistes in situ ; organiser pendant leur séjour à Libreville, des séminaires de renforcement des capacités des collaborations pour améliorer l’expertise locale ; avoir au sein des ambassades du Gabon à l’étranger, un point focal de la CNAMGS en charge de la réception et du suivi des évacués dans les hôpitaux ou cliniques des pays d’accueil.
En effet, plusieurs vidéos devenues virales, montrent des cas de malades abandonnés à eux-mêmes à l’étranger. D’autres témoignent d'actes chirurgicaux mal effectués, ce qui a pour conséquence le prolongement du séjour des patients, occasionnant ainsi des frais supplémentaires.
Autre réforme, le paiement de la facture d’hospitalisation sur place après vérification par le point focal et non plus par des intermédiaires, au siège de Libreville où des soupçons de surfacturation sont légion. Un plan de redressement des finances de la CNAMGS avait même été monté et adopté par les banques.
Malheureusement, Christiane Audrey Chambrier Voua n’a pas eu l’appui de son conseil d’administration. Sur la rareté, voire l’absence des médicaments dans les pharmacies des hôpitaux publics, l’Office pharmaceutique nationale (OPN) est pointée du doigt. Sans budget conséquent, son action est limitée. Les maigres approvisionnements sont aussitôt détournés par les personnels de santé au bénéfice de leurs cliniques privées.
Ce système mafieux tapi au sein de la CNAMGS doit être nettoyé au karcher si on veut donner à la nouvelle équipe managériale dirigée par Nadia Christelle Koye, nommée le 4 janvier 2025, toutes ses chances de réussite.
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15/01/2025 à 18:12
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